Une explication sur le choix du nom « estampes photographiques » pour désigner mes œuvres alors qu'on parle traditionnellement de tirage pour la photographie ou plus récemment de «tirage numérique » ou « digigraphie » pour des œuvres digitales.
J'ai longuement cherché un terme pour désigner mes travaux « Photos-Graphiques »
Je ne voulais pas les cataloguer d'emblée comme « numériques » mes travaux, bien qu'il soit objectivement issu du monde digital. Mais dans mon je les situe à la frontière entre la peinture et la photographie et leur finalité est précisément de sortir du monde immatériel pour devenir des objets uniques. Les œuvres finales sont donc des tirages de grandes tailles, sur toile coton, avec des encres à pigment, réalisés par mes soins d'un bout à l'autre de la chaine de production. Cela assure à la fois une grande qualité et une grande longévité aux œuvres.
Dans le nom je voulais garder le lien à la photographie, car elle est le fondement même de mon travail. Les images, même si elles pourraient y ressembler, ne sont pas des peintures sorties tout droit de mon imaginaire, mais bien des photos du monde réel que j'ai réinterprété à ma manière.
Il me fallait aussi évoquer le lien avec l'impression, car c'est bien ce processus « magique » qui fait passer mes œuvres du monde virtuel à leur incarnation physique. Les mots « print » ou « tirage » n'étaient pas envisageables pour moi, car ils ne laissaient aucunement supposer que je laisse la place à une réinterprétation de l'image, ni l'importance du travail de l'image réaliser dans le but d'obtenir une toile imprimée de grande qualité.
Je me suis alors replongé, comme il m'arrive souvent, dans les racines de notre art pour y chercher la solution. Le mot estampe s'est très vite imposé à moi. Ce mot évoque bien entendu pour un lecteur français en premier lieux les estampes japonaises. Et bien que mon travail soit visuellement assez éloigné des canons visuels des ukiyo-e, estampes japonaises, je me suis toujours senti personnellement très proche, dans ma démarche créative, de cet art, qui traduit littéralement veut dire « images du monde flottant » et dont le nom évoque pour moi une réalité réinterprétée par le rêve.
De plus « l'estampe » est étymologiquement intimement liée à l'impression. Et à partir de 1853 les photographies sont classées sous la rubrique « estampes » de la Bibliographie de la France, de même que la BNF a un département des Estampes et de la Photographie. Les deux sont donc déjà intimement liées en France.
Mais curieusement, le mot « estampe » n'existe pas à proprement parler en anglais, ni dans certaines autres langues et n'a pas vraiment d'équivalent. Ce qui aurait pu constituer un écueil à l'ère de la communication universelle se révélera comme une force. L'interlocuteur anglophone sera en effet quelque peu surpris des « Photographic Estampes » qu'on lui présente, mais très vite trouvera la consonance vaguement familière et très originale.
J’arrêtais donc mon choix sur « estampes photographiques » pour désigner les tirages uniques que je propose.